Le 25 février 1924, David O. McKay était à Liège. Ce matin-là, 65 personnes s’assemblèrent pour un service de baptêmes sur les bords de la Meuse. L’après-midi, le président McKay « expliqua le plan d’unir les peuples francophones en une seule mission… Il déclara que la Mission française était désormais une mission indépendante, et que ce devrait être une raison pour les membres de redoubler d’efforts pour répandre l’Évangile. Il présenta alors Russel H. Blood comme président de la Mission française, soutenu par un vote unanime. » [1]
Pendant la présidence de Russell Blood (1923-1925), Lille et Lyon en France et Genève en Suisse furent ouvertes. Son successeur, Ernest Rossiter (1925-1928), ancien président de mission à Tahiti, concentra ses effort sur la France. C’est grâce à son épouse, Venus Rossiter, que la Société de Secours fut organisée dans plusieurs branches de la Mission. Elle écrivit au Bureau général de Salt Lake City : « C’est à Lyon, le 3 novembre 1926, que la première organisation a été faite avec un groupe de cinq [sœurs]… »[2] Besançon suivra peu après. Dès 1929, la SAM (Société d’Amélioration Mutuelle) fut aussi organisée dans la mission, puis l’Ecole du Dimanche et la Primaire.
Peter Christensen (1928-1929) était déjà missionnaire en France lorsqu’il devint, à 27 ans, le président. On lui doit la publication de L’Etoile, en novembre 1928, soixante-seize ans après le dernier numéro de L’Etoile du Déseret. Il organisa des soirées diapositives sur le thème « Les mormons en Utah » qui allèrent de Liège à Marseille, Montpellier, Nîmes, Lyon, Grenoble, St. Etienne, Paris, Orléans, Tours et Nantes, avec une assistance allant de 60 à 350 personnes !
Lorsque Golden Woolf (1929-1933) devint président de la Mission, c’était le début de la Grande Dépression de 1929. Le nombre des missionnaires diminua conduisant à la fermeture des nombreuses villes ouvertes récemment. En 1930, furent organisés les « Frères visitants » et les sœurs « Monitrices » pour visiter les familles et Woolf demanda aux membres locaux de servir comme missionnaires. Les 7 et 8 novembre 1931, deux églises SDJ furent consacrées à Seraing et Liège, premières constructions de bâtiments mormons en Europe francophone.
Daniel Lang (1933-1936) connut les mêmes défis que son prédécesseur. Quant à Octave Ursenbach (1936-38), il décida de fermer toutes les branches françaises, sauf Paris. En Belgique et en Suisse, les branches se fortifièrent, dirigées par des membres locaux. Elles furent mieux à même de survivre pendant la guerre. La conférence annuelle des présidents des missions européennes qui se tint à Paris en 1937, du 25 mai au 4 juin, à l’Hôtel des Champs Elysées, confirma que l’esprit de guerre régnait partout. Joseph Evans (1938-1939) dût bientôt organiser l’évacuation des missionnaires avant d’embarquer sur le S.S. Washington, à Bordeaux, le jeudi 26 octobre 1939. De nouveau, les membres allaient devoir se montrer autonomes.
[1] Improvement Era, vol. 27, 1924, p. 757-58.
[2] Relief Society Magazine, « Notes from the Field », par Amy Brown Lyman, juillet 1927, p. 358.
Par Christian Euvrard, docteur en Sciences des Religions, auteur d’une thèse de doctorat sur la socio-histoire du mormonisme en France, en Suisse et en Belgique francophones de 1850 à 2005.